La médecine traditionnelle chinoise (MTC) considère que le corps, l’âme et l’esprit forment chez l’homme une unité. Cela ne signifie pas pour autant qu’il est un être isolé et détaché de son environnement. Il est tout aussi indissociablement relié à un ensemble cohérent, à un ordre universel. Ces forces élémentaires qui gouvernent le macrocosme agissent également à petite échelle, au niveau du microcosme auquel l’homme appartient.
Chaque être humain, au même titre que le cosmos tout entier, est soumis à un principe omniprésent – il n’est pas la mesure de toute chose ni le souverain exclusif de l’univers, il en est une infime partie, il est un petit rouage du mécanisme. L’imbrication sans accrocs et la coordination harmonieuse de toute chose sont l’unique garantie de la bonne marche du monde. Tout est interdépendant et indissolublement interconnecté.
Un affaiblissement à un quelconque endroit se répercute sur tous les autres
Par conséquent, l’homme ne peut prétendre à la santé et au bien-être durable qu’à la condition qu’il vive en harmonie et en accord avec la nature, qu’il ne perturbe pas le cycle incessant, notamment en abusant des ressources et des énergies, et en les gaspillant. Cela signifie aussi que l’homme doit s’adapter aux saisons, au rythme véritable de la nature et aux facteurs macrocosmiques annuels pour ne pas provoquer de dysharmonies susceptibles de nuire à l’équilibre fragile. Sans la coexistence harmonieuse entre l’homme et la nature, l’apaisement et le calme intérieur ne peuvent advenir.
Les origines ancestrales de la médecine traditionnelle chinoise
C’est dans la doctrine philosophique et religieuse qu’est le taoïsme que l’on trouve déjà, dans ses grandes lignes, la conception du monde sur laquelle se fonde la médecine traditionnelle chinoise. L’ouvrage majeur est le Tao Tö King (Dao De Jing), écrit par le mythique Lao Tseu qui aurait vécu au VIe siècle av. J.-C. Le recueil d’aphorismes aurait cependant vu le jour seulement vers 400 av. J.-C. Le taoïsme postule que l’homme, s’il poursuit la quête du bonheur et de l’immortalité, doit vivre en phase avec le cours du monde, avec le Tao (qui signifie en chinois la « Voie », la « Loi »). Car tout au sein du cosmos est changement, tout est soumis à l’éternelle mutation, l’homme n’y échappe pas.
Le taoïsme ne préconise pas l’actionnisme aveugle et l’égocentrisme, son principe d’action est plutôt de ne pas intervenir dans la nature ni de la contraindre (ce qui correspond au « Wu Wei »). L’homme trouvera sa place dans le monde seulement s’il s’exerce à la sérénité et s’adapte au cours continuel des choses.
De nombreux éléments relatifs au taoïsme se retrouvent dans la médecine traditionnelle chinoise:
- La représentation cosmologique du Ciel et de la Terre
- La théorie des Cinq Phases
- Le concept d’énergie vitale universelle : le Qi
- Ainsi que le couple des contraires Yin et Yang
selon lequel toute chose est déterminée par son contraire. Le taoïsme avait déjà fait naître des techniques thérapeutiques reconnues aujourd’hui, comme le qi gong et le tai-chi, qui proposent des exercices axés sur le mouvement et la respiration.
Les manuscrits mythiques de « l’Empereur jaune » et la médecine traditionnelle chinoise
La médecine traditionnelle chinoise se réfère également en première ligne à plusieurs ouvrages fondamentaux de médecine, traditionnellement attribués à de mythiques empereurs chinois appartenant aux temps les plus reculés. La légende rapporte qu’ils vécurent il y a plusieurs millénaires. Mais leurs premières transmissions écrites ne remontent pas au-delà du dernier millénaire avant J.-C.
BIBLE MEDICALE DE LA CHINE ANCIENNEHuangdi Neijing, le classique de la médecine interne de l’Empereur Jaune Illustré Le Classique de la médecine interne de l’Empereur jaune (le Huangdi Nei Jing) figure parmi les ouvrages les plus importants. Il recueille 81 études. Certainement rassemblées sur une période de 400 ans à partir de différents écrits d’auteurs inconnus qui ont montré la voie à suivre aux générations de médecins chinois d’hier et d’aujourd questions et de réponses entre Huangdi, le légendaire Empereur jaune et ses érudits. En particulier le sage médecin et le ministre Qi Bo, que sont abordées pour la première fois et de façon systématique toutes les procédures de diagnostics et de soins holistiques incontournables de la médecine traditionnelle chinoise. |
Le Classique de l’Empereur jaune traite en parallèle des lois naturelles entre l’homme, la nature et le ciel.
La conception globaliste de l’être humain se dessine déjà ici. Il se doit d’adapter pleinement sa présence au monde, et ses actes au rythme et aux lois de la nature s’il désire préserver leur cours harmonieux, mais aussi son propre bien-être.
Des facteurs externes, à savoir climatiques, géographiques et météorologiques sont pris en compte. Les facteurs internes également, émotionnels dont l’inquiétude, la peur, la tristesse, l’agitation et la colère. En excès, ils peuvent tout autant conduire à de graves perturbations.
La médecine traditionnelle chinoise a derrière elle des milliers d’années d’une riche expérience. Une expérience qui encore aujourd’hui se nourrit de connaissances à la fois nouvelles et scientifiquement prouvées. Mais quels sont donc les éléments fondateurs qui viennent alimenter en détail sa vision générale du monde ?